Évaluation de la pertinence de la prescription chronique des inhibiteurs de la pompe à protons chez les sujets de plus de 65 ans admis au court séjour gériatrique en provenance de la ville

Download or read book Évaluation de la pertinence de la prescription chronique des inhibiteurs de la pompe à protons chez les sujets de plus de 65 ans admis au court séjour gériatrique en provenance de la ville written by Romain Hamel and published by . This book was released on 2019 with total page 0 pages. Available in PDF, EPUB and Kindle. Book excerpt: Introduction : un quart de la population française s'est vu prescrire des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en 2015 en ville, avec 46% de patients de plus de 65 ans et 90% des prescriptions réalisées par les médecins généralistes. Cependant, les IPP sont de plus en plus utilisés en dehors des recommandations et la littérature émergente rapporte des effets indésirables graves en cas de prise chronique, notamment chez le sujet âgé. L'objectif principal de notre étude était d'évaluer la pertinence de la prescription d'IPP au long cours chez des patients de plus de 65 ans, sur des ordonnances pré-hospitalières émanant de la ville. Les objectifs secondaires étaient d'identifier les éventuelles interactions médicamenteuses, les potentiels effets indésirables de classe et d'identifier les facteurs prédictifs de mauvaise prescription d'IPP en ville. Matériels et méthode : analyse descriptive, rétrospective, monocentrique de la pertinence des prescriptions d'IPP pré-hospitalières chez des patients de plus de 65 ans admis depuis la ville en service de gériatrie aiguë au Centre Gérontologique Départemental de Marseille. Pertinence évaluée en regard des recommandations HAS 2009 en termes d'indication, de respect de molécule et de posologie d'IPP choisi. Réalisation d'une analyse statistique descriptive puis prédictive de la population en utilisant les données incluses dans une grille de recueil standardisée. Résultats : sur une durée de 25 mois entre 2017 et 2019, 214 prescriptions pré-hospitalières ont été analysées. Seulement 33 prescriptions (15,4%) suivaient les recommandations HAS 2009. L'indication la plus représentée était le traitement d'une atteinte gastro-duodénale identifiée (38 patients, soit 17,8% des prescriptions). Quatre-vingt-un pourcents des prescriptions n'étaient pas conformes aux recommandations, majoritairement représenté par le traitement préventif de lésions gastro-duodénales en cas de co-prescription avec des médicaments potentiellement gastro-toxiques sans facteurs de risques identifiés. En analyse multivariée, l'hypoalbuminémie (Albuminémie ; OR=1,156 ; IC95 1,023-1,306 ; p=0,02) et la prise d'IPP matinale (OR =0,130 ; IC95 0,03-0,53 ; p= 0,005) étaient significativement associés à une prescription chronique d'IPP appropriée. A l'inverse, la démence avancée (0R 2,6 ; IC95 1,8-5,8, p=0,017), la polymédication (OR 2,1 ; IC95 0,7-6,7 ; p= 0,169) ou la co-prescription avec le Fluindione (OR 4,1 ; IC95 0,5-31,7 ; p = 0,178) étaient associés à des prescriptions inadaptées. L'ostéoporose fracturaire (33,6%), la pneumopathie communautaire ou nosocomiale (16,4%), la carence en vitamine B12 (18,5%), et l'hyponatrémie (18,5%), étaient les effets indésirables clinico-biologiques les plus représentés. Conclusion : le respect du bon usage des IPP permet de prévenir les effets indésirables liée à une prise chronique, notamment chez les patients âgés polypathologiques et polymédiqués. La réalisation d'une évaluation des pratiques professionnelles en ville de manière prospective pourrait permettre de préciser nos résultats à plus grande échelle. La conciliation médicamenteuse et la transmission d'une fiche de bon usage des IPP pourrait permettre de sensibiliser les prescripteurs. La déclaration d'évènements indésirables à la pharmacovigilance permettrait de faire avancer nos connaissances sur la prise au long cours. La banalisation de cette classe thérapeutique par les patients pourrait être enrayée par une information concernant les risques liés à l'automédication, à l'iatrogénie, et à la potentielle survenue d'effets indésirables en cas de prise chronique soit une éducation thérapeutique.